Le comportement des Français au volant

Téléphone au volant, consommation d’alcool et de drogue ou encore somnolence, les comportements à risque sont en hausse chez les conducteurs français. Une recrudescence pointée par de nombreux baromètres parus cette année. Centaure fait le point sur ce...

Des jeunes conducteurs sous influence

Selon le 13e baromètre de la conduite responsable de la Fondation Vinci Autoroutes, les conducteurs français adoptent de plus en plus de comportements à risque. La consommation d'alcool, de drogues et de médicaments avant de prendre le volant est

devenue une pratique de plus en plus courante, en particulier chez les jeunes conducteurs. Environ 19 % des hommes de moins de 35 ans admettent conduire après avoir consommé des drogues, tandis que 15 % des conducteurs de moins de 35 ans prennent le volant en état d'ébriété.
Une situation inquiétante, quand on sait qu’alcool, drogues et médicaments altèrent la vigilance des conducteurs. Ils réduisent le champ visuel, modifient la perception du relief, de la profondeur et des distances, perturbent la coordination des mouvements et leur effet désinhibant peut amener le conducteur à sous-évaluer les risques et à surestimer ses capacités et conduire à d’autres comportements à risque, comme la vitesse.

Ainsi, pour un conducteur alcoolisé, le risque d’accident mortel est multiplié par 17,8. Les accidents avec alcool sont également plus graves, avec un taux de mortalité élevé parmi les blessés hospitalisés. Au total, selon la Sécurité routière, la conduite sous l'emprise d'alcool est à l'origine de 30 % de la mortalité routière en France (en savoir plus grâce à nos quiz).
La consommation de cannabis et d'autres drogues multiplie par 2 le risque d'accidents. La combinaison alcool et stupéfiants est pire encore puisqu’elle multiplie par 14 le risque d’accident mortel. D’après la Sécurité routière, chaque année, 700 personnes perdent la vie dans des accidents causés par un conducteur sous l’emprise de la drogue, soit 1 accident mortel sur 5.

Téléphone et distracteurs au volant, des réflexes mal acquis

L’un des principaux comportements à risque reste l'utilisation de smartphone au volant.
Le baromètre de la Fondation Vinci Autoroutes indique ainsi que 74 % des conducteurs français utilisent leur smartphone ou leur GPS au volant et 62 % téléphonent en conduisant alors même qu’ils savent que ce comportement est dangereux. Un fléau qui n’épargne aucune tranche d’âge.
L'utilisation du téléphone au volant multiplie par 3 le risque d'accident. Ce chiffre grimpe même à 23 en cas de lecture d'un SMS puisque le conducteur doit détourner les yeux de la route pendant 5 secondes en moyenne. Il est important de noter que téléphoner en Bluetooth est aussi dangereux. Une conversation téléphonique est beaucoup plus distrayante pour un conducteur que celle d’un passager présent dans la voiture, qui s'adapte à la circulation.

De manière générale, les distracteurs entraînent une augmentation du temps de réaction, diminuent le champ de vision et perturbent la capacité du conducteur à maintenir le véhicule dans sa voie de circulation et à conserver une vitesse appropriée. Entre 2018 et 2022, l’inattention a été impliquée dans 16 % des accidents mortels sur autoroute selon l’ASFA (en savoir plus grâce à notre quiz).

Pour éviter les accidents, voici quelques réflexes simples avant de prendre le volant :
• Éteindre son téléphone, le mettre en mode « avion » ou le ranger dans son coffre.
• Activer l’application « Mode Conduite » de la Sécurité routière.
• Anticiper et effectuer les appels importants avant de démarrer.
• Programmer le GPS avant de prendre la route.
• Confier son téléphone au passager, qui pourra ainsi répondre en cas d’appel.
• Faire une pause si besoin de consulter son téléphone.

La ceinture de sécurité, encore trop souvent oubliée

Le port de la ceinture de sécurité n’est malheureusement pas encore systématique. Selon le baromètre de Vinci Autoroutes, près d'un conducteur sur trois âgé de 16 à 24 ans ne la porte pas – 13 % des conducteurs tout âge confondu - malgré son caractère obligatoire et sa valeur cruciale en termes de sécurité.

En effet, la ceinture de sécurité permet de maintenir le corps attaché au siège en cas de collision. Sans elle, on peut être projeté à l’extérieur du véhicule ou, pour les passagers à l’arrière, contre le siège avant, mettant en péril non seulement sa propre vie, mais aussi celle des passagers devant soi. C’est pourquoi elle est obligatoire à l’avant et à l’arrière depuis 1990. Il incombe au conducteur de vérifier tous les passagers sont correctement attachés.
Pour rappel, les enfants doivent être transportés dans des dispositifs de retenue adaptés à leur taille, leur poids et leur morphologie, homologués pour garantir leur sécurité.
Selon la Sécurité routière, en 2019, 347 personnes ont perdu la vie sur la route parce qu'elles ne portaient pas, ou pas correctement, leur ceinture de sécurité, soit 23 % des personnes tuées dans un véhicule.

La somnolence, un danger mal connu

Toujours selon le 13e baromètre de la conduite responsable, seuls 8 % des conducteurs français identifient la somnolence comme l’une des principales causes d’accidents mortels sur les routes. Pourtant, selon les chiffres de l’ASFA, la somnolence au volant serait en réalité responsable d’1 accident mortel sur 5.

Sur le sujet, les bonnes pratiques ne sont pas suffisamment suivies. Les Français conduisent en moyenne 2 heures et 56 minutes avant de faire une pause lors des longs trajets, ce qui augmente le risque d'endormissement au volant. Notamment, 57 % des jeunes conducteurs de 16 à 24 ans admettent continuer à conduire même lorsqu'ils se sentent très fatigués.

Afin de permettre une meilleure lutte contre la somnolence, des chercheurs australiens sont en train de développer un test sanguin innovant pour détecter la fatigue des conducteurs. Il permettrait de déterminer avec précision si le manque de sommeil est responsable d'un accident, de la même manière que cela est fait pour le taux d’alcool. Une innovation qui permettrait de mieux sanctionner les conducteurs fautifs et d’encourager plus de responsabilité sur le sujet.

Les émotions au volant, un facteur de risque sous-estimé

Au-delà des comportements conscients des Français, le baromètre Axa Prévention met en évidence un aspect souvent sous-estimé des mauvais comportements au volant : les émotions personnelles. Stress, anxiété et fatigue liés à des soucis personnels ou professionnels ont un effet négatif sur la vigilance des conducteurs et augmentent les risques d'accidents.
Selon cette étude, plus de la moitié des conducteurs français ont déjà pris le volant sous l'emprise d'émotions fortes telles que la colère, la tristesse ou la fatigue. De plus, près d'un quart des conducteurs interrogés a admis avoir déjà rencontré des difficultés à se concentrer sur la route en raison de préoccupations personnelles. Or une mauvaise concentration conduit à une plus faible capacité à détecter les dangers ou à réagir rapidement aux événements imprévus.

Des résultats qui interpellent sur nos propres comportements individuels. Gardons en tête qu’une conduite responsable est une responsabilité individuelle et implique de respecter les règles de sécurité routière et de ne pas prendre de risques inutiles. En adoptant une conduite attentive, nous pouvons tous contribuer à réduire les risques d'accidents et à garantir notre sécurité ainsi que celle des autres usagers de la route.

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